




- 14 juin 2022
Trinquette sur emmagasineur – Fiabilité, sécurité, performance, le trio Karver gagnant
À l’occasion de l‘International Multihull Show 2022 de La Grande Motte, Alois Kerduel nous dévoile tous les secrets d’une trinquette sur emmagasineur Karver.
Les démonstrateurs Karver
Si vous ne vous êtes pas encore arrêtés au showroom de Lorient et que vous avez manqué l’équipe sur l’un des nombreux salons auxquels elle participe, vous n’avez peut-être pas encore vu les fameux démonstrateurs Karver. Grand-voile, voiles d’avant, winches, poulies, emmagasineurs, bloqueurs, ils permettent en quelques instants de comprendre toute la pertinence de solutions techniques éprouvées.
Alois, pourquoi installer une trinquette sur nos bateaux modernes ?
Certes, aujourd’hui les voiliers ont couramment des voiles d’avant à faible recouvrement, notamment sur les multicoques. Malgré tout, pour ne pas naviguer voiles partiellement enroulées, ce qui n’est jamais très efficace et est dommageable pour la voile, de nombreux propriétaires souhaitent avoir une trinquette. L’avantage alors, c’est que quand le vent monte, on enroule le génois pour passer directement sur la trinquette. Mais lorsqu’elle est à poste et que l’on est sous génois, celui-ci est gêné lors des virements, et les deux voiles s’abiment mutuellement. En associant plusieurs pièces d’accastillage Karver, une trinquette amovible est la meilleure solution pour pallier ce problème. On hisse la voile enroulée, soit avec une drisse mouflée, soit avec un hook, pour pouvoir dans les deux cas, parfaitement l’étarquer et en tirer tout le potentiel. Elle peut être soit laissée à poste, soit être rangée dans son sac, et donc la matosser pour les marins les plus férus de performance. Même une fois à poste, si on veut virer sous génois, en larguant la « tack line » (palan de point d’amure) on peut ramener la voile enroulée le long du mât, libérant ainsi l’espace. On pourra ensuite la remettre en place, toujours sans avoir quitté le cockpit.
Comment arrive-t-on à avoir une bonne tension de guindant ?
Le hook s’il a un coût, a l’immense avantage de supprimer tout allongement de drisse, et avec un palan de point d’amure en Dyneema extrêmement raide, on obtient un guindant vraiment parfait. Le palan peut être en 2 :1, voire idéalement 3 :1, ce qui permet alors de réduire à la fois le diamètre du bout et la taille du bloqueur afférant. Pour ce faire, dans la gamme Karver nous avons les bloqueurs KJ10, 15 et même 25, sans oublier les KJC en carbone, et les KJC Bois pour les amoureux de la belle plaisance. Dans tous les cas, les trois mâchoires bloquent parfaitement le bout sur toute sa circonférence, sans le dégrader. Elles remplissent d’ailleurs tellement bien leur fonction qu’il faut reprendre un peu de tension au winch avant de les rouvrir, directement ou à distance, pour relâcher l’étai largable.
Y-a-t-il un risque de déroulement intempestif de la trinquette ?
Non, nous avons déjà sur l’emmagasineur lui-même, un système de blocage, ce qui est idéal pour les phases de transition. Ensuite, hors utilisation, on recommande de frapper les deux brins de la bosse de l’emmagasineur, soit sur un taquet d’amarrage, soit sur deux bloqueurs, un pour l’aller, l’autre pour le retour. C’est une sécurité supplémentaire, en plus de l’anti-rotation, pour éviter que la trinquette ne se déroule quand elle est laissée à poste enroulée, quand on est sous génois par exemple.
Vous avez plusieurs versions d’emmagasineurs ?
Oui, nous en sommes à la troisième génération, et nous avons bien entendu la gamme standard qui propose déjà une roue crantée carbone. Sur la version Racing le carter n’est plus en ABS renforcé mais également en carbone avec un réa friction 2 :1 ou 3 :1 dessous, soit exactement ce que l’on souhaite pour une trinquette. Nous avons aussi la version Ecoconcept dans laquelle on vient remplacer tout ce qui est carbone par de la fibre de lin. Enfin il existe un modèle structurel, ce que l’on appelle alors un stockeur. On y enroule bien sûr la voile, mais il fait également partie intégrante du gréement. Tout type de triangulation de voile peut bien sûr être concerné : trinquette, ORC, J2, J3, J4… Sur le même système haut et bas on peut venir mettre la voile de son choix, facilement rangeable ensuite dans son sac.
Justement, quel guindant préconisez-vous ?
La trinquette sera le plus souvent fixée, cousue, sur un câble anti-torsion, qui depuis le bas où se trouve l’emmagasineur, permet de transmettre la rotation sur toute la hauteur de la voile, jusqu’à l’émerillon de tête. Sur les câbles de bonne qualité, un tour en bas entraîne un quasi-tour complet en haut. Si on est sur un bout de moindre qualité, le voilier ou le gréeur peuvent mettre un peu de précontrainte pour améliorer leur rendement.
Par rapport aux systèmes d’étai largable que l’on a pu connaître dans le passé, des câbles métalliques sur lesquels on hissait ensuite une trinquette sur mousquetons, avec les solution Karver, la voile se met à poste en même temps que l’étai et seulement quand on le souhaite. Une simplification qui préserve les voiles, est gage de performance, mais aussi de sécurité pour tout équipage, que ce soit en course ou en croisière.